L'homosexualité, une affaire de symétrie

Publié le par dans8mois

Des similarités entre les cerveaux des hommes gays et des femmes hétérosexuelles (et réciproquement) remettent sur le devant de la scène le rôle prénatal des hormones dans l'orientation sexuelle.

Des chercheurs de l'Institut Karolinska, à Stockholm, ont découvert des ressemblances structurelles entre le cerveau des hommes homosexuels et celui des femmes hétérosexuelles. Et l'inverse est également vrai : le cerveau des femmes lesbiennes et celui des hommes hétérosexuels présentent des similitudes. Les résultats de cette étude, réalisée par les neurobiologistes Ivanka Savic et Per Lindström, sont publiés dans l'édition numérique de la revue [scientifique américaine] Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

Les chercheurs ont travaillé à partir d'un échantillon de 50 hétérosexuels (25 hommes et 25 femmes) et 40 homosexuels (20 hommes et 20 femmes), tous âgés d'une trentaine d'années. Ils ont utilisé les deux principales techniques de visualisation du cerveau in vivo : la résonance magnétique et le scanner PET [positron emission tomography]. Résultat : le cerveau des hommes hétérosexuels et des femmes lesbiennes présente une légère asymétrie - l'hémisphère droit est un peu plus gros que le gauche -, tandis que le cerveau des hommes gays et des femmes hétérosexuelles est symétrique.

Par ailleurs, Savic et Lindström ont étudié l'amygdale cérébrale des volontaires, une structure située au centre du cerveau et essentielle à l'apprentissage émotionnel. Ici aussi, les connexions neuronales établies par l'amygdale sont semblables chez les hommes hétérosexuels et les femmes lesbiennes, d'une part, et chez les hommes gays et les femmes hétérosexuelles, d'autre part.

"Ces résultats ne peuvent pas être lus comme étant avant tout le fait d'un apprentissage", expliquent les chercheurs suédois. "Ils laissent supposer l'existence d'un lien avec des entités neurobiologiques." Les données obtenues sont statistiquement significatives, mais marquent un constat anatomique ; les scientifiques ne peuvent pour l'instant en tirer des conséquences sur le fonctionnement du cerveau.

L'une des théories qui fait le plus débat à propos de l'origine de l'orientation sexuelle se fonde sur l'exposition du fœtus aux hormones sexuelles au cours de son développement : chez les hommes, l'homosexualité a ainsi été associée à une faible exposition prénatale à la testostérone et, chez les femmes, on l'attribue à un excès de cette même hormone.

Selon les auteurs de l'étude, "il est intéressant de noter que les macaques mâles ont davantage de récepteurs de testostérone dans l'hémisphère droit que dans le gauche, tandis que, chez les femelles, la répartition est symétrique". Il a également été démontré que, chez les rats, l'exposition prénatale à la testostérone entraînait cette asymétrie du cerveau typique des mâles.

"Notre étude ne nous permet pas de déterminer avec précision les raisons de cette asymétrie, reconnaissent Savic et Lindström. Elles sont probablement multifactorielles, en incluant l'interaction entre les niveaux prénataux et postnataux de testostérone et d'oestrogène, les récepteurs cérébraux de ces hormones et d'autres facteurs." "Les résultats ne peuvent pas être facilement attribués à la perception ou au comportement, concluent les scientifiques. C'est pourquoi il est nécessaire d'entreprendre des recherches plus approfondies, sur des groupes d'individus plus importants, afin de mieux comprendre la neurobiologie de l'homosexualité." Et de l'hétérosexualité, devrait-on ajouter.

© Source : El País

Publié dans la science

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L
je trouve ça très intéressant, mais surtout n'oublions pas de nous aimer les uns les autres, quelles que soient nos différences physiologiques. <br /> (et d'aimer la heineken les uns les autres aussi)
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B
voilà une étude digne des Ig Nobel ! rappelon cet article récent : http://dans8moisonyestencore.over-blog.com/article-24464759.html
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